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La Tête dans les Étoiles

L'endométriose, une maladie gynécologique au nom bizarre

L'endomètre est le tissu (amas de cellules) qui tapisse l’intérieur de notre utérus. Normalement, ce tissu (ou muqueuse utérine) s’épaissît chaque mois pour former un ‘‘petit nid douillet’’ qui permettra à un futur embryon de s’y accrocher s’il y a fécondation.  Si ce n’est pas le cas, cet amas de cellules se détache et est évacué par le bas ce qui donne lieu à nos règles. Chez une femme touchée par l'endométriose, les cellules de l’endomètre ne s’évacuent pas correctement, elles "reflux vers le haut" et migrent en dehors de la cavité utérine. Elles peuvent ainsi se propager vers les organes avoisinants l’utérus : les ovaires, les trompes de Fallope, la vessie, le rectum, le côlon, le péritoine (membrane qui tapisse l’intérieur de l’abdomen). La migration de ces cellules peut ainsi toucher les appareils urinaire, digestif et parfois pulmonaire.

 

Pendant longtemps, on crut que l’endométriose était produite par notre endomètre. D'où le nom de la maladie. On expliquait alors l'endométriose comme de l'endomètre en dehors de l’utérus. Or depuis, les recherches ont fait d'énormes progrès technologiques qui permettent d'observer minutieusement et scrupuleusement les anomalies d'une cellule sous microscope. Nous savons maintenant que l'endométriose est caractérisé par la présence d'un tissu semblable à celui de l'endomètre, mais différent. On a pu démontrer que les cellules de l'endomètre d'une personne non atteinte par la maladie et les cellules qui forment les foyers d'endométriose ne sont pas pareilles. Mais encore, que les cellules de l'endomètre d'une personne atteinte d'endométriose est différents des 2 autres. Ces cellules sont plus robustes que celles de l'endomètre normal. Ainsi, L'endomètre des personnes ayant l'endométriose est génétiquement différents, "comme une sorte d'endomètre mutant". De plus, on ne connait pas très bien le mécanisme qui permet aux cellules d'endométriose de sortir de l'utérus pour aller coloniser les autres organes de notre organisme. Tout cela est encore au stade de recherche.(1)

 

Il existe aussi une forme d’endométriose qui reste confinée dans l’utérus et affecte ce muscle, il s’agit de l’adénomyose, (une forme d’endométriose interne).

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* Pour aller plus loin dans la description de l'endométriose, je vous conseille vivement de lire le livre de Marie-Rose Galès "Endométriose, ce que les autres pays ont à nous apprendre".

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Localisation des foyers d'endométriose

Un jour, une personne m’a demandé : "Et toi, tu as laquelle ?" – "Laquelle ? Mais de quoi me parle-t-elle ???" Après quelques recherches, je comprends que l’endométriose est une maladie qui prend de plus en plus de place, qui s’installe bien confortablement en nous, bref qui nous envahi un peu plus chaque mois. Car oui Mesdames, chaque mois, nous avons nos règles. Et qui dit règles, dit cellules de l’endomètre qui saignent dans notre utérus. 

 

Les lésions d’endométriose, peu importe où elles se trouvent, réagissent aux fluctuations hormonales du cycle menstruel. Ainsi tout comme la muqueuse utérine, ces cellules de l’endomètre se détachent et saignent. Les saignements n'ont alors aucune issue vers l'extérieur, s’accumulent et stagnent dans la cavité pelvienne ce qui enflamment et irritent les organes du petit bassin. Les fragments d’endomètre saignent de plus en plus à chaque nouvelle règle et peuvent se disséminer où ils le désirent. Cela entraine la formation de nodules (amas de cellules de la taille d'un grain de café à celle d'une orange), de tissus cicatriciels et d'adhérences (tissus qui s’attachent aux organes et les relie entre eux, les empêchant de se mouvoir normalement). À un stade plus avancé, des fragments de tissu de l’endomètre s’implantent sur les ovaires et forment une poche de sang qui grossit jusqu’à la création d’un kyste. Ces kystes ovariens sont appelés plus communément kystes chocolat car ils contiennent du vieux sang foncé qui ressemble grossièrement à du chocolat. L’endométriose est ainsi une maladie dite évolutive car elle se développe au fur et à mesure des cycles menstruels.

 

Pour nous compliquer encore plus la vie, cette satanée maladie peut aussi pénétrer dans les organes qu’elle touche. On parle alors d’endométriose profonde lorsqu’elle pénètre de plus de 5 mm la membrane de l’organe en question.

 

Cette maladie est parfois décrite comme un cancer bénin car les cellules endométriales prolifèrent dans l’organisme telles des métastases... et cerise sur le gâteau, environ 30 à 40% des femmes affectées par l’endométriose auront des difficultés à concevoir (2) (pour en savoir plus sur la grossesse d'une femme atteinte d'endométriose et les solutions pour tomber enceinte, je vous inviter à aller voir mon article en cliquant sur mafiv.ch et visiter le site d'Adva qui pourra vous aider).

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Régions les plus fréquentées par l’endométriose : tissu cicatriciel et nodules en vert et violet ; avec kyste et début d’adhérence sur l’ovaire gauche (3).

Jusqu'au jour d'aujourd'hui, 4 stades différents de la maladie ont été décrit et observé. Ces stades dépendent de la localisation et de la progression de l’endométriose dans le petit bassin (3) :

 

  • Stade I - Endométriose minime : Implants isolés sans adhérences.
     

  • Stade II - Endométriose légère : Nodules superficiels sur les organes de l’appareil gynécologique sans adhérences.
     

  • Stade III - Endométriose modérée : Multiples implants et nodules superficiels et/ou profonds avec des adhérences qui enveloppent les ovaires et les trompes.
     

  • Stade IV - Endométriose sévère : Multiples implants superficiels et profonds avec un ou deux kyste(s) avec des adhérences importantes.

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Kyste chocolat sur l'ovaire gauche et d'importantes adhérences qui relient les 2 ovaires à l'utérus et aux trompes (3).

Il n’y a donc pas une mais « des » endométrioses car cette maladie ne se développe pas de la même façon d’une femme à une autre ce qui rend le diagnostic compliquer à établir. D’autant que les symptômes sont multiples et diffèrent d’une femme à une autre en fonction de la localisation de la maladie : Ces derniers peuvent être cycliques ou parfois absents, et bizarrement leur intensité n'est pas toujours proportionnelle à l'étendue des lésions d'endométriose.

 

Le symptôme le plus commun est une douleur handicapante pendant les règles qui ne passe pas avec des médicaments « antidouleurs classiques » tels que le Dafalgan et les anti-inflammatoires du type Ibuprofène et Ponstan. Mais il y a aussi une multitude d’autres symptômes inconnus du grand public car il faut oser en parler et dévoiler son intimité. Il y a encore énormément de femmes qui ne parlent pas de cela à leur médecin ce qui complique et retarde encore le diagnostic. (4)

 

Ces symptômes varient d’une femme à une autre :

 

  • De violentes douleurs pelviennes (liée au cycle, elles se manifestent de manière plus aiguë au moment de l’ovulation ou des règles)

  • De la fatigue chronique

  • Des douleurs lors de la défécation et des troubles digestifs (diarrhée, constipation, ballonnement... )

  • Des difficultés à uriner et des troubles urinaires (cystite à répétition, sang dans les urines... )

  • Des douleurs dans le bas du dos pouvant irradier dans les jambes (sciatique, lombalgie... )

  • Des douleurs pendant les rapports sexuels

  • L'infertilité

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Ces douleurs sont invalidantes et entraînent l’incapacité de mener une vie normale (professionnelle, sociale et intime), que ce soit périodique ou durable. Certaines femmes se voient réduites physiquement, n’arrivant plus à faire leurs activités quotidiennes (un verre entre amies par exemple) ou même à tenir debout. D’autres auront des douleurs violentes qui provoqueront nausées, vomissements et pertes de connaissance (malaises vagales). Ces femmes devront avoir recours à des antidouleurs puissants tels que des dérivés morphiniques qui leur apporteront enfin un peu de répit mais ce sera avec des effets secondaires pénibles. (4)

« La majorité des femmes atteintes d’endométriose diront que cette maladie est compliquée à gérer : douleurs fortes, troubles digestifs, urinaires, douleurs durant les rapports et fatigue chronique invalident le quotidien.  Elles apprennent à vivre en fonction de leur cycle et de leurs douleurs où les incapacités d’agir sont les principaux points de repères et deviennent des critères de décision ».

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Extrait du livre: "Les idées reçues sur l’endométriose", par l’association EndoFrance dirigé par le Professeur Chapron et Yasmine Candau, 2018

Disclaimer :

Je ne suis ni médecin, ni gynécologue: Le contenu de cet article est de la vulgarisation scientifique écrit par mes propres moyens avec l'aide l'articles cités ci-dessous.

par Célimène le 24 août 2018
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